La démocratie participative au coeur de la refondation
Article dans "Libé" aujourd'hui 17 juillet :
La réunion d’hier, en présence des députés Jean-Louis Bianco, Arnaud Montebourg, Manuel Valls, Julien Dray et Delphine Batho avait aussi pour but de faire la démonstration de la fidélité des troupes royalistes. Deux mois après la victoire de Nicolas Sarkozy, Royal semble avoir enfin atterri : «Elle redescend doucement. On est plus dans le coq à l’âne mais dans les questions essentielles», explique un élu. Après avoir écouté, le matin, les «réflexions de haut niveau» - selon Royal - des collaborateurs de son QG de campagne et, l’après-midi, les interventions «sans concessions» - toujours selon elle - de l’historien Jacques Julliard, du politologue Brice Teinturier et du constitutionnaliste Olivier Duhamel, Royal a reconnu «avoir beaucoup appris sur les explications de cette défaite». Prononçant pour la première fois le mot, sans aller pourtant jusqu’à se l’attribuer. De fait l’après-midi «c’est surtout le PS qui en a pris plein la gueule», notait un député royaliste. «Duhamel a été ultra-violent contre Hollande, il a expliqué que le bureau national ne travaille pas et étouffe le débat de fond sous une cloche.»
L’ex-candidate socialiste à la présidentielle a tiré hier avec ses fidèles les leçons de son échec. Et entend bien jouer les premiers rôles dans la rénovation du PS.
Par ÉCOIFFIER MATTHIEU
QUOTIDIEN : mardi 17 juillet 2007
Après la «saine colère», le bilan «dynamique». Ségolène Royal s’est dit prête hier à faire «sans complaisance mais sans masochisme» le bilan de sa campagne présidentielle. A condition que ce soit «un exercice dynamique» pour contribuer à la refondation du PS.
A l’issue d’une journée d’autocritique à l’Assemblée nationale face à ses collaborateurs, ses amis socialistes mais aussi à des historiens et des politologues l’ex-candidate a surtout trompeté sa volonté d’asseoir son leadership sur le PS. «Je suis là et bien là, a-t-elle martelé. L’espoir qui s’est levé ne doit pas être perdu.»
L’opération est cousue de fil blanc : concéder quelques faiblesses pour prendre les devants. Continuer à jouer la base du parti en s’adressant aux militants: «C’est pour eux que je fais ce travail.» Et faire durer la séquence «du bilan» au maximum pour rappeler que la présidentiable socialiste, c’est elle: «J’ai beaucoup appris au cours de cette campagne. Je ne suis plus la même après qu’avant. Avec mes forces et mes propres faiblesses que j’ai bien identifiées», a-t-elle assuré.
Cette séance de travail sera suivie d’autres réunions. Royal en présentera une première synthèse le 25 août lors de la fête de la Rose à Melle dans son fief des Deux-Sèvres. Soit une semaine avant la rentrée des éléphants socialistes à l’université d’été du PS à La Rochelle. Une seconde synthèse sera rendue publique à l’automne. Et il y aura aussi un livre sur lequel la candidate travaille.
Bref, le PS n’en a pas fini avec elle: «Je suis là et bien là avec ma parole libre de femme libre et je viendrai régulièrement devant le bureau national pour mettre au patrimoine commun le produit de ce travail».
Bref, le PS n’en a pas fini avec elle: «Je suis là et bien là avec ma parole libre de femme libre et je viendrai régulièrement devant le bureau national pour mettre au patrimoine commun le produit de ce travail».
La réunion d’hier, en présence des députés Jean-Louis Bianco, Arnaud Montebourg, Manuel Valls, Julien Dray et Delphine Batho avait aussi pour but de faire la démonstration de la fidélité des troupes royalistes. Deux mois après la victoire de Nicolas Sarkozy, Royal semble avoir enfin atterri : «Elle redescend doucement. On est plus dans le coq à l’âne mais dans les questions essentielles», explique un élu. Après avoir écouté, le matin, les «réflexions de haut niveau» - selon Royal - des collaborateurs de son QG de campagne et, l’après-midi, les interventions «sans concessions» - toujours selon elle - de l’historien Jacques Julliard, du politologue Brice Teinturier et du constitutionnaliste Olivier Duhamel, Royal a reconnu «avoir beaucoup appris sur les explications de cette défaite». Prononçant pour la première fois le mot, sans aller pourtant jusqu’à se l’attribuer. De fait l’après-midi «c’est surtout le PS qui en a pris plein la gueule», notait un député royaliste. «Duhamel a été ultra-violent contre Hollande, il a expliqué que le bureau national ne travaille pas et étouffe le débat de fond sous une cloche.»
Brice Teinturier, directeur adjoint de TNS Sofres a été moins tendre avec Royal, mettant en évidence les «retards à l’allumage» de sa campagne et le trou noir du mois de janvier. Seul politique a s’exprimer, Vincent Peillon a appelé à «liquider dans le parti le guesdisme et le sinistrisme (gauchisme, ndlr)». Eprouvant quelques difficultés à respecter son propre plan de com et l’embargo qu’elle s’est imposée sur les raisons de son échec, Royal s’est d’abord confiée à un journaliste de l’AFP dans un ascenseur: «C’est moi qui aurais dû faire les points presse tous les jours. J’ai fait une campagne de terrain. Résultat, ma réactivité sur les chaînes de télé a été moins opérationnelle.» Reconnaissant aussi que «la greffe avec le parti dans la seconde phase de la campagne n’a pas fonctionné».
A 18 heures, elle proposait lors du point presse, un mélange de langue de bois et d’examen critique : «Il y a eu un problème de calage du rythme. Cela, c’est de la mécanique interne de la campagne [.] L’élaboration du pacte présidentiel est intervenu très tard par rapport à celui de Nicolas Sarkozy, ça c’est vrai», a-t-elle concédé.
Mais sur le fond, elle ne lâche rien: «La démocratie participative, cette façon moderne faire de la politique reste pertinente.» Idem pour «les valeurs de l’ordre juste, de la valeur travail ou de l’éducation pour tous ou de la réhabilitation de l’entreprise auxquelles les Français ont massivement adhéré». Et le hic alors? «Ces valeurs ont besoin de déboucher sur des propositions concrètes». Cela aurait pu être le cas si le PS s’était rénové bien avant. Mais Royal «veut continuer le travail».
Mais sur le fond, elle ne lâche rien: «La démocratie participative, cette façon moderne faire de la politique reste pertinente.» Idem pour «les valeurs de l’ordre juste, de la valeur travail ou de l’éducation pour tous ou de la réhabilitation de l’entreprise auxquelles les Français ont massivement adhéré». Et le hic alors? «Ces valeurs ont besoin de déboucher sur des propositions concrètes». Cela aurait pu être le cas si le PS s’était rénové bien avant. Mais Royal «veut continuer le travail».