Ségolène Royal demande à Nicolas Sarkozy de venir s'expliquer en banlieue

Publié le par citoyen 52

Ségolène Royal demande à Nicolas Sarkozy de venir s'expliquer en banlieue
(Source : Libération.fr)

POLITIQUE - Ségolène Royal a été reçu en présidente Royalfelixledru_2de la République, jeudi après-midi, en banlieue lyonnaise. Venue soutenir des candidats à Vaulx-en-Velin puis Villeurbanne, l'ancienne candidate à l'Elysée a dénoncé le "vide" du plan banlieue de Nicolas Sarkozy. Qu'elle a sommé de venir s'expliquer dans six mois dans un "quartier populaire", pour rendre des comptes sur "les promesses qu'il a faite"...

L'ancienne candidate  avait commencé son après-midi à Vaulx-en-Velin, aux côtés d'Hélène Geffroy, conseillère générale socialiste qui se présente face au maire (apparenté communiste) sortant. La foule et les youyous étaient au rendez-vous. Beaucoup de liesse et de bousculade.  "Laissez passer la présidente, laissez passer la présidente", répète un responsable associatif local. Elle, souriante, serre les mains et répète : "Je suis avec vous, je ne vous abandonne pas."

Entourée d'un noyau compact de proches et de journalistes, elle a du mal à atteindre les habitants pour échanger quelques mots. Un attroupement se forme au coeur du Mas du Taureau, quartier emblématique depuis que des émeutes, en 1990, ont relancé la politique de la Ville. "Nicolas Sarkozy, il a pas osé venir, lui", souligne une dame un peu âgée. Le Président de la République était attendu le 22 janvier dernier avec Fadela Amara, pour la présentation de son plan Espoir banlieue. Mais il avait reporté, posant un lapin à Vaulx-en-Velin.

Ségolène Royal est venue, la ferveur est au rendez-vous, mais l'exercice a ses limites. Elle lance de loin aux habitants qui se tendent vers elle qu'elle veut leur apporter "de l'espérance". Mais ils s'égacent des journalistes qui forment un mur entre eux et elle. Et un jeune homme juché sur une borne s'éloigne en grommelant : "La meuf, elle est là que pour les journalistes, en fait".

Pour l'étape suivante, dans le quartier des Buers, à Villeurbanne, l'ambiance n'est pas la même. Le maire socialiste sortant se fait sérieusement chahuter par de jeunes habitants du quartier qui ont rejoint massivement le Modem, dont le candidat est venu distribuer ses propres tracts. Ils accusent le maire de ne s'être ouvert que tardivement à la diversité, pour les élections. Une beurette habillée d'un long tee-shirt orange siglé "sexy centriste", rigole du chahut. Le maire s'énerve, glisse à son directeur de campagne : "T'aurais pu gérer un peu mieux !"

La troupe rejoint alors un local abritant un point information jeunesse. Elle s'enferme à l'intérieur, pour discuter avec des travailleurs sociaux à l'écart des cris. Dehors, la foule gronde un peu de ne pas avoir pu entrer. Elle suggère de "laisser entrer M6, c'est l'équipe de Laurence Ferrari". Une éducatrice très émue lui dit que c'est la première fois qu'elle voit une présidente en vrai :"Ben oui, faut que je vous dise, pour moi vous êtes ma présidente. Quand vous avez perdu, j'ai failli faire une dépression". Ségolène rigole, la remercie, et lui dit plusieurs fois que "l'important, c'est de garder l'espoir". Un jeune homme, Hannibal, lui répond : "L'espoir, ça fait vivre, mais ça ne nourrit pas". Il est temps de filer vers la troisième étape.

Dans une brasserie près de la mairie de Villeurbanne, Ségolène Royal donne une courte conférence de presse, éreinte le "vide" du plan banlieue de son ex-adversaire. "Mais la désillusion ne doit pas se transformer en désespoir, dit-elle. Car le désespoir se transforme en violence". Elle conseille aux "territoires" de voter pour les équipes "de gauche" qui se trouvent "en première ligne" et qui pourront selon elle "combler les manques avec l'aide des conseils généraux en renouvellement et des régions socialistes".

Elle accuse le Président de la République de ne pas tenir parole. "Il avait promis un plan Marshall pour la banlieue. Il est où, son plan Marshall". Selon elle, les mesures annoncées ne bénéficient d'aucun moyens supplémentaires. "Je souhaiterais que Nicolas Sarkozy puisse venir rendre des comptes sur ses promesses, dans six mois par exemple. Je lui demande de venir, comme moi, dans un quartier
populaire. C'est une question de respect, de considération."

Il est bientôt temps de repartir et elle doit encore dédicacer des livres. Elle prend le micro brièvement, pour s'adresser aux militants. Elle leur répète, à eux aussi, qu'elle ne les "abandonne pas", qu'il doivent "garder espoir". Puis elle termine en tapant une dernière fois sur le Président, "le règle de l'argent facile, de l'exhibitionnisme, du clinquant". Soit, conclut-elle, "tout le contraire de ce que l'on demande aux jeunes dans les quartiers".
Ol.B.

Publié dans Articles de presse

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