Entre domicile et travail : les salariés à la peine

Publié le par citoyen 52

(Source : Ouest-France)
Trois salariés sur quatre quittent leur commune de résidence pour aller travailler dans une autre. Pour certains, ça devient impossible. « Ils sont à bout de souffle » témoigne un sociologue.
« Il faudra se bouger ». Le message s'adresse aux élus et aux chefs d'entreprise, autant qu'aux salariés. Éric Le Breton, sociologue et chercheur à l'université de Rennes 2, avait écrit un premier livre en 2005 Bouger pour s'en sortir consacré à la mobilité, nécessaire à l'intégration sociale. Il va plus loin en publiant Domicile-travail : les salariés à bout de souffle (1) . Un ouvrage passionnant dont il présentera les principaux enseignements ce matin à Lyon dans le cadre de la préparation au Grenelle de l'insertion.
Premier  constat.  Alarmant. « 3,5 millions de personnes sont aujourd'hui dans le rouge. Demandeurs d'emploi, allocataires des minimums sociaux, pour eux les limites du possible sont atteintes. Ils n'arrivent plus à se déplacer pour aller là où il y a du travail. Même s'ils ont le permis, la voiture leur coûte trop cher. Ils sont tombés dans des ' trappes d'inactivité '. Il ne faut pas se raconter d'histoires ».
Un casse-tête pour les entreprises
Second  constat.  Inquiétant. « Depuis peu, trois à quatre autres millions de salariés constituant les petites classes moyennes (1 200 € de salaire en moyenne) sont touchés. Ils sont intérimaires ou bossent dans l'agroalimentaire, le nettoyage industriel, la grande distribution, l'hôtellerie, le bâtiment... Ce sont aussi de plus en plus souvent des fonctionnaires à faible revenu auxquels on ne pense pas habituellement. Ils connaissent pourtant des situations qu'on croyait réservées à des demandeurs d'emplois. »
La source de leurs difficultés ? Le coût du déplacement domicile-travail, mais pas seulement. Les problèmes liés au logement et à la garde des enfants entrent aussi en ligne de compte. Et plus on s'éloigne des villes, plus ça se complique. « C'est le cas des ménages les plus modestes. Ils n'ont pas d'autres choix ».
Ces « galères », ces difficultés rencontrées par des « salariés à bout de souffle », ne sont pas sans répercussions sur la vie des entreprises. « Elles sont de plus en plus confrontées à des problèmes de recrutement, de turnover, d'absentéisme... D'autant plus que même les cadres sont concernés. Voilà pourquoi il va falloir innover dans la recherche d'un nouveau compromis salarial », espère Éric Le Breton avant d'indiquer des pistes de réflexions, voire de solutions (lire ci-dessous). « Les problèmes ne sont pas localisés à l'entreprise. Les maires, les élus sont aussi concernés. Sinon, demain dans certaines communes périurbaines (les plus éloignées des lieux de travail), on pourrait bien y connaître les mêmes maux que dans les banlieues aujourd'hui ».

Yvon LECHEVESTRIER.

(1) Publié par l'Institut pour la ville en mouvement, collection Modes de ville. 224 pages, 16 €.

Publié dans Articles de presse

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article